Onze jours de vols en biplace dans les Alpes
Elle : Apprécie tous les
sports nautiques (catamaran, kite, plongée
) et elle a effectué un stage de
parapente à Annecy en 2002.
Lui : Passionné de parapente depuis 13 ans,
approximativement 1100 vols dont une bonne centaine en biplace. Autre sport: le marathon.
Il n'a jamais fait de vol bivouac.
Avril
2003
Cosette: Que faisons-nous pour les vacances d'été ? .
Roland: Et si on faisait une tentative de vol Bivouac ?
Lundi 28 juillet
Nous avons 15 jours de vacances Nos affaires sont prêtes depuis une semaine, le week-end et le début de semaine s'annoncent venteux. Lundi, nous partons à St André des Alpes et nous passons la nuit au camping.
Vol de 50 minutes, notre meilleur plafond est à 2700 m, vario max à 4 m/s, parcours de 10 km
Nous
partons avec la navette de 11 heures en laissant la voiture
garée sur le parking. Sur le site, il y a pas mal de monde
et nous, les
Marseillais avec toute notre cargaison : biplace Windtech Toucan avec écarteurs souples ;
sellette Altiplume XS pour Roland et une Minimax pour moi ; parachute de secours ; une
tente T2 ultra light ; deux duvets -15 °C
(au cas ou) 1,2 kg et 1,6 kg ; deux matelas auto-gonflants Forclaz de 590 gr ; habits pour
3 jours avec deux polaires ; deux paires de sandales et deux paires de chaussures de
marche ; deux ponchos ; une couverture de survie ; deux combis ; deux gourdes de 2 litres et une poche d'eau de 5 litres ; deux
quarts ; une popotte ; repas déshydratés pour environ 2 jours d'autonomie (ex : poulet
riz au cumin, pâte aux bufs sauce, hachis parmentier, etc.
) ; biscuits
complets pour le petit déjeuner ; réchaud et plaquettes de combustion ; une frontale ;
une petite trousse de toilette ; fil résistant et grosse aiguille ; pastilles micropur ;
un sac de montagne etc.
environ 27 kg, plus l'eau et 20 kg de parapente.
On prépare
un sac de 20 kg qui est pris par Roland, on s'habille, les conditions forcissent, un
parapentiste se fait traîner lors de ses deux tentatives de décollage, Roland l'arrête.
Il nous assiste au décollage. Il est 13h30, l'objectif de la journée est d'aller au
moins jusqu'aux antennes. Décollage réussi, Roland me passe les commandes et fait
descendre le sac retenu par deux sangles qui sont fixées sur les points d'ancrage de sa
sellette. Il règle ensuite la hauteur du sac de façon à l'ajuster sous sa sellette.
Cette manipulation nous fait perdre une trentaine de seconde et 50 m. Nous repassons sous
le décollage et notre premier thermique nous propulse à 2700m. Nous passons les antennes
à 2500 mètres : on est partis !
Une brise de
Nord nous contre et nous interdit l'accès à Cheval Blanc et à Côte Longue. Nous posons
à Thorame- Basse, près d'un petit lac.
Marche, puis
stop jusqu'à Valette et marche d'environ 2
heures jusqu'au refuge de Boules 1700 m où on croyait trouver de l'eau mais "ya
pas" !!! Là, nous faisons la connaissance d'un randonneur qui traverse les Alpes
avec un sac de 27 kg.
Roland
redescend chercher de l'eau. A son retour, nous marchons encore une heure. Près du col de
la Vachère sous le regard des marmottes, nous installons notre premier bivouac sur la
prairie. Nous sommes à environ 2000m, notre premier repas "riz au colombo" qui
ressemble plus à une soupe car trop dilué. Petit incident , un bouchon mal fermé nous
fait perdre deux litres d'eau.
Notre thé vert
du soir est bu sous la tente au chaud, car il commence à faire frisquet.
Mercredi 30 juillet
Pas de vol
Nous avons
passé une bonne nuit et après le petit déjeuner, nous décidons de partir à la
recherche de l'eau, que nous trouvons quelques minutes après notre départ. Nous faisons
notre toilette, la vaisselle et la lessive, le tout avec les produits bio qui vont bien.
L'eau est fraîche mais le soleil est là pour nous réchauffer.
Le décollage étant impossible pour cause de vent de Nord forcissant, nous marchons environ 1h30 vers la montagne de Boules. Nous installons la tente sur le plus grand replat disponible (3m2), puis nous partons repérer le décollage du lendemain au sommet de Boules. En fin d'après midi nous allumons un feu à l'abri, dans un pierrier, le mistral souffle fort. Nous mettons nos combinaisons de parapente et préparons de quoi manger, la nuit est fraîche. La météo nous annonce encore du vent fort pour demain et nous n'avons pas suffisamment de nourriture pour patienter un jour supplémentaire.
Jeudi 31 juillet
Vol de 1 heure, notre meilleur plafond est à 2700 m,
vario max à 4 m/s, parcours de 5 km.
Nous
partons vers le décollage repéré la veille, il se trouve dans un pierrier en exposition
Ouest. Les balises de Laragne et de Dignes annoncent du 67 km Nord Ouest, encourageant non
?
La descente à pied semble être une évidence.
Roland observe
les cumulus au-dessus de nos têtes qui passent leur chemin à une quinzaine de km/h mais
les lenticulaires plus haut confirment ce Nord fort.
Que faire ?
Nous coupons la radio !!!.
Décollage
réussi, maintenant le plus dur reste à faire. Après une première évaluation , la
masse d'air est saine, ça ne tarte même pas, le vent est effectivement à 15 km/h mais
on ne va pas s'attarder.
Atterrissage à
Blégier , entre Prat et La Javie avec un vent de 35 à 40 km/h.
Stop jusqu'à La Javie, déjeuner, puis stop jusqu'à Dignes. Nous faisons le plein en nourriture et nous passons la nuit dans un camping. Nous dînons dans un resto à Dignes, "on se gave".
Vendredi 1er août
Plouf de 20 minutes
Petit
déjeuner au camping. Marche d'environ 1 heure, jusqu'au site de Cousson, avec deux
parapentistes locaux Rémy et Laurent. Décollage à 13 heures, ça bip !!! Roland
installe le sac, ça ne bip plus !!!. Impossible de trouver le thermique qui nous montera
au septième ciel, nous descendons inexorablement vers les berges de l'Asse. Nous sommes
déçus et écrasés par la chaleur.
Je fais un passage aux urgences à l'hôpital de Dignes, pour traiter un petit problème d'urticaire, suite à l'attaque d'une méduse sauvage la semaine précédente durant mon stage de kite. Ensuite nous décidons de rejoindre en stop le site des Richards. En deux voitures, nous arrivons jusqu'au décollage. Nous bivouaquons à proximité et avec un petit feu de bois, nous préparons notre dîner. Le matin, un cheval et un âne viennent nous rendre visite.
Samedi 2 août
Vol de 1 heure 20, notre meilleur plafond est à 2750
m, vario max à 4.5 m/s, parcours de 9 km
Préparation
du matériel avec un changement majeur. Pour que Roland ne soit plus gêné par son sac au
décollage, nous répartissons le poids dans les sellettes et je porte un sac de 15kg en
ventral. Décollage à 13 h, avant de trouver le thermique qui nous permet le survol du
Palastre;, la bataille est longue sur le premier pierrier. Nous sommes contrés par le
Nord et ça tarte à la fraise [1] puis à la crème [2].
Les conditions ne sont pas très saines, nous atterrissons au bord d'un petit lac, au pied du Cuchon. Des vaches curieuses nous accueillent en faisant tinter leurs cloches. Zut et zut ! la clôture est électrifiée. Déjeuner à proximité: purée mousseline pour 4 assiettes un régal!, puis un bon thé pour la route. Marche de 300 m de dénivelé, jusqu'au rocher Roux sous le Cuchon, avec dégustation de framboises le long du sentier.
[1] Ça bouge bien
[2] ça ferme
Bivouac à 1800 mètres avec feu de bois . Nous sommes juste en eau. Dîner avec au menu, soupe poule au pot + riz poulet curry.
Dimanche 3 août
Vol de 1 heure 50,
notre meilleur plafond est à 3200 m, vario max à 6.5 m/s, parcours de 25 km
Roland est parti chercher de l'eau. Il en profite pour faire un peu de vaisselle et sa toilette. Nous décollons 100m au-dessus de notre bivouac, moi engoncée comme un bibendum.
Après le
décollage, pour la première fois, nous ne constatons aucun souffle de nord, chic !!!. Le
vol s'effectue à une altitude moyenne de 3000m sous les cums et nous avons une vue
magnifique sur les Ecrins. Le ciel se charge et l'absence de soleil sur notre Dame de la
Sallette nous contraint à un atterrissage
dans la vallée de Valbonnais à 15h.
Stop jusqu'à la Mûre et déjeuner. Stop jusqu'à Oris-en-Rattier. Là nous rencontrons Philippe et Sébastien qui font également du vol bivouac en monoplace. Nous marchons deux heures et bivouaquons ensemble. Nous racontons nos différents parcours au coin d'un feu.
Lundi 4 août
Le matin, avec Philippe et Sébastien, nous marchons jusqu'au décollage du Coiro (1800 m).
Préparation
d'un rapide petit repas au feu de bois avant de partir. Décollage vers 15h. Ascension
facile jusqu'à 2700m puis transition sur le Grand Armet. Plafond à 3000 m puis
transition jusqu'au Taillefer et un thermique nous permet son survol à 3500 mètres
(caille ! caille !). Nous recevons quelques gouttes de pluie (je prévoirai pour la
prochaine fois une petite cagoule en soie
pour protéger les oreilles et le cou). Nous longeons Chamrousse. Un thermique sur les
Aiguillettes nous amène au Colombier. Nous
survolons les Sept Laux à 3000m puis nous basculons
sur Fond de France où nous jouons à la mouette gratteuse pendant une
heure. Nous apercevons des cumulo- nimbus sur les hauts reliefs au loin. Nous passons
derrière le Collet-d'Allevard. Il est maintenant 19 h et ce maudit sac qui m'écrase les jambes
Roland me propose d'arrêter le vol, mais pas
d'hésitation, nous continuons. Nous transitons sur la vallée de la Maurienne. Ensuite,
la forêt nous offre une agréable restitution qui nous amène jusqu'à Albertville. Je ne
supporte plus ce sac. Il est déjà 20h30, on hésite à continuer vers Ugine mais nous
devons trouver un endroit où dormir (avec comme rêve de prendre une bonne douche). Nous
décidons d'atterrir près du centre ville, aux oreilles avec restit à + 2m/s. Au sol,
une chaleur étouffante nous attendait. Nous voyons quelques éclairs au loin
Après plus
d'une demi-heure de marche nous avons fini par trouver un hôtel où nous avons passé la
nuit la plus étouffante et la plus bruyante de notre voyage, on regrettait déjà nos bivouacs. Nous dînons dans un restaurant qui
nous fait regretter nos repas déshydratés.
Durant la nuit, tout près de notre chambre, la police est intervenue pour calmer des clients un peu trop bruyants.
Mardi 5 août
Vol de 1heure 30, notre meilleur plafond est à 2800
m, vario max à 5 m/s, parcours de 21km
Le matin, nous faisons du stop jusqu'à l'attéro de Monmin puis nous montons au décollage avec une école de parapente. Nouvel essai de positionnement du sac, je le prends en ventral au décollage, puis une fois en l'air je le fais descendre par-devant. Je règle ensuite la hauteur du sac avec les sangles de façon à l'ajuster sous ma sellette. Impeccable, enfin libre et toute la vue devant moi ! Survol de l'Anfonnais, tarte à la fraise, puis des Dents de l'Anfon, tarte à la crème Nous partons en direction de Thones par la Montagne de Cotagne, nous survolons ensuite C.de la Crx Fry. Malgré notre altitude et notre désir, un cumulo-nimbus nous dissuade de joindre la chaîne d'Aravis.
Mercredi 6 août
Vol de 4 heures,
notre meilleur plafond est à 3900 m, vario max à 9 m/s, parcours de 67 km
Petit déjeuner au camping. Stop jusqu'à la Clusaz. Achat de quelques bonnes tranches de jambon cru fumé de la région, tomates, bananes et fromage de chèvre (et alors il ne faut pas se laisser aller !). Stop jusqu'au téléférique de l'Etale. Déjeuner au sommet et décollage vers 12h. On survole le col des Aravis puis nous faisons notre premier plafond à 3900 m. Ensuite nous longeons la chaîne des Aravis jusqu'à la Pointe Percée. On passe par-dessus Passy, nous approchons la vallée de Chamonix puis nous longeons le Mont Blanc. Le spectacle est magnifique, nous sommes aux premières loges mais ça tarte à la fraise, Roland me rassure.
Survol des
Aiguilles Rouges à 3700 m, du col de la Forclaz, de Martigny et de la montagne de
Catogne. Il est 15h30, je commence à me réchauffer et par mon absence de question,
Roland se rend compte que je me suis assoupie
En arrivant face au Verbier, nous voyons deux cumulo-nimbus sur les reliefs mais suffisamment éloignés pour nous permettre un passage sur les Alpes suisses. Nous remontons sur les pentes du Verbier et les deux cumulo-nimbus se rejoignent. Nous atterrissons sur un col en haut de la station, à 2300 m.
Nous bivouaquons sur place. Une ruine de pierre devient notre cuisine. Sur un feu, nous préparons comme entrée une soupe aux poireaux/ pommes de terre, suivie par un sachet de hachis parmentier et un sachet de pâtes buf en sauce "Pas belle, la vie ? ".
Jeudi 7 août
Vol de 1 heure notre meilleur plafond est à 3330 m,
vario max à 6,5 m/s, parcours de 10km
Après le petit déjeuner, un sentier agréable, nous mène en 1 heure au décollage Est du Verbier. Le vent est faible voir Ouest, nous changeons de décollage et partons juste derrière, en face Ouest, pour des meilleures conditions. Nous décollons facilement et revenons en face Est. Nous quittons le Verbier avec une magnifique vue sur le Cervin.
Plus loin, une
vallée pourtant accueillante, nous enferme et nous rejette à Sion.
Maintenant,
nous devons penser à notre retour à Marseille, via St André
Marche de deux heures sous la canicule, jusqu'à l'entrée de l'autoroute. Stop jusqu'à Servoz ou nous passons la nuit dans un camping et nous mangeons au restaurant.
Vendredi
8 août
Vol de 1 heure notre
meilleur plafond est à 2700 m, vario max à 5 m/s, parcours de 5 km
Petit déjeuner et stop jusqu'au plateau d'Assy avec comme objectif le sud. Décollage vers 12h et gros plouf. Nous remontons avec la navette. Au deuxième décollage à 14h30, nous rejoignons l'Aiguille de Vareng et nous posons vers Domancy. Le retour se fera en stop jusqu'à Annecy. Après, les parents de Roland sont venus nous chercher et nous ont accompagnés jusqu'à St André.
Plus loin, une
vallée pourtant accueillante, nous enferme et nous rejette à Sion.
Maintenant,
nous devons penser à notre retour à Marseille, via St André
Marche de deux heures sous la canicule, jusqu'à l'entrée de l'autoroute. Stop jusqu'à Servoz ou nous passons la nuit dans un camping et nous mangeons au restaurant.
CONCLUSIONS
Roland :"Les nouvelles voiles biplaces nous offrent un domaine de vol très proche de celles des monoplaces mais l'objectif le plus ambitieux de ce périple, était de partager des véritables moments à deux en parapente. La performance était présente, bien sûr car elle est moteur de ma motivation mais la sécurité primait."
Cosette :"Une expérience tout à fait nouvelle et une belle aventure partagée à deux. Mes meilleurs souvenirs sont, le calme des réveils matinaux de nos bivouacs, la diversité des paysages et la variété des odeurs que les thermiques nous ont fait partager. Je recommencerais."
Nous remercions tous nos amis, pour leurs aides et leurs soutiens
Lolo et Gilles pour la tente, Bubu assurant notre sécurité avec ses appels téléphoniques du soir, Etienne pour la météo et tous les autres
Et merci à Windtech pour la sécurité et les performances de ce biplace.