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La météo annonce du Sud-Est à Sud ce lundi, plutôt modéré. Nous avons droit depuis quelques jours à pas mal de stabilité, aussi, plutôt que de me faire un tas à Signes, je me décide à monter à la Sainte. Je suis à 10H au col des Portes. Il n'y a plus la petite affiche indiquant si la montée est autorisée (arrêté préfectoral interdisant l'accès à tous les massifs forestiers dans les Bouches du Rhône). Il y a juste un numéro de téléphone à appeler pour avoir les infos. Le répondeur me confirme que le GR est bien autorisé, donc, c'est parti.

La montée se passe tranquillement, Le versant Nord est plus sympathique que le sud, plus ombragé et plus régulier. Les alto-cumulus qui pavent le ciel me permettent de plus de monter relativement au frais. A 11H, je suis en haut. Je craignais d'avoir un peu trop de vent, mais finalement, ça va; aux alentours de 15 Km/h. Mais il y a ces altoCu qui mettent la Sainte à l'ombre. Tout l'Est est sous les nuages; par contre, le Nord est tout bleu. Il est encore tôt pour décoller, j'aimerais également que ces nuages partent un peu, mais, même s'ils se déplacent vers l'Est, il y a toujours une bande qui me survole. Je me décide à décoller vers 12H30, en comptant, s'il le faut, aller jusqu'au Baou des Vespres pour me refaire, puisque celui-ci est mieux ensoleillé.

Effectivement, aprés être monté un tout petit peu, je me retrouve à 650m, soit une centaine de mètres au dessus du petit déco. C'est presque le tas. Avec la voiture au Nord, je me dis que je vais être obligé de redécoller de ce petit déco pour pas me payer une galère en stop pour retrouver la voiture. Puis je vais trouver un petit thermique qui va me monter jusqu'à la crête. Je respire un bon coup... Pas la journée du siècle visiblement. Je suis la crête vers l'Ouest. L'objectif maintenant est de monter un peu pour arriver à basculer sur le versant Nord, pour récupérer la voiture.

Un thermique bien teigneux va me monter à presque 1600m. C'est bien bas pour partir de la Sainte, mais je suis pas dans l'état d'esprit d'un grand vol. Je vais vers le chateau de la Sambuc, je pourrai ainsi me poser juste à côté de la route. Avec le peu d'altitude qu'il me reste, je gratte sur la montagne des Ubacs, puis je me prend un petit +2, qui va se transformer rapidement en +5, mais tout en douceur. Je vais vite remonter à 2300m. Direction Jouques maintenant. Le GPS indique 45Km/h.

Le ciel est un peu voilé, mais les thermiques s'enchainent. Un à Jouques, un avant le Pont Mirabeau. J'arrive au Lubéron vers Vitrolles, un peu en dessous de 1000m. Chaque fois que je suis passé par ici, c'est pour poser un peu derrière. Cette fois, il est 14H30 et je me fais 2200. J'irais au moins derrière Reillanes.

Je me prends des petits thermiques un peu hachés, qui dérivent un peu dans tous les sens, mais je me maintient aux alentours de 2000m. Il y a quelques petits cums et j'essaie de les suivre. Le ciel est tout de même de plus en plus laiteux. Je continue vers le Nord, avec un cheminement un peu tortueux. Je survole le canyon d'Oppedette. Je laisse Rustrel sur ma gauche. Ma radio est déchargée, j'aurais bien aimé entendre les balises. La trace GPS montre mes hésitations, il y a un alignement de nuages qui monte jusqu'au Ventoux, mais il est un peu loin. Je passe finalement à l'Ouest de Banon, où je ne vois toujours personne en l'air. Un joli plein me monte presque à 3000.

Je vise le col du Négron, pour passer tranquillement la montagne de Lure, il y a une route dessous, et un cum au dessus. C'est parfait. En plus, je vole à 60 à l'heure. J'arrive au col à 2000, et je remonte à 2700 sous le cum. En enroulant, le ciel est tellement gris, que je n'arrive pas à distinguer le cum du cyrrus (ou stratus??). C'est fou d'arriver à monter avec un ciel comme celui-la.

Il n'y a personne qui vole à Bergiès. La transition qui suit m'ammène à 1600 sur la petite colline de Gonson (au NO de Séderon). Il est 16H, je suis à 80 Km de la Sainte, et j'aimerais bien cette année faire au moins une fois 100 Km. Mais avec le voile que j'ai au dessus de la tête, je vois pas comment je pourrais trouver quelque chose. Il n'y a qu'une solution, me laisser glisser en dynamique vers Laragne. En plus, je serai mieux placé pour rentrer en stop. Je me jette sur la montagne de Chabre, où je vais arriver vers 1200. Je suis un peu scotché, mais je vais arriver à raccrocher. En suivant la crête, un thermique un peu plus fort me décide à tenter ma chance. Je me laisse dériver dedans, et me voila à 2000. Je glisse alors vers Orpierres, où il y a toujours des thermiques sympas. Effectivement, je remonte sur les faces Ouest à 2300.

Je retrouve le cheminement que je connais si bien en partant de Laragne. Direction maintenant vers le Rocher de Beaumont, en m'appuyant sur les versants Ouest. J'avance en prenant des petites bulles, ce qui fait que je reste un peu au dessus de 2000m. Sur la serre de la Bouisse, je remonte sous un cum à 2800; et c'est parti pour une longue transition qui m'amène entre 50 et 60 Km/h jusqu'à un congestus situé au col de Cabre. Il est bien gros celui-là, aussi je reste un peu sur le bord. Le vario grimpe jusqu'à +8, il est temps de fuir. Oreilles plus accélérateur, et je fonce vers Glandasse. Je n'ai jamais osé passer sur Glandasse tant cette montagne m'impressione, mais je crois que c'est le jour. Il y a toujours une belle brise de Nord par là-bas, mais avec le sud qu'il y a aujourd'hui, ça doit le faire. En plus, le voile qui domine la journée va adoucir les thermiques. Il y aurait bien un cheminement logique qui m'emenerait sur le Pic de Bure, l'Obiou..., mais j'ai vraiment envie de me faire Glandasse.

Je vais arriver à Glandasse en une seule transition depuis mon plein sur le col de Cabre. Je suis contré en Nord en y arrivant, mais ce n'est pas trés fort. Je m'approche tout de même prudement. Je suis à 1400, et je remonte en dynamique pour ne pas me faire piéger sous le vent. Je suis un peu concentré sur les réactions de ma voile en  m'approchant de cette majestueuse falaise, mais je vais me prendre dans les yeux le plus beau spectacle de ma vie. Le plateau du Vercors est absolument sublime, en débouchant juste au dessus de la falaise, je vois le plateau derrière, avec la dent de l'aiguille qui surgit là-bas de l'autre côté. J'aurais bien aimé avoir l'appareil photo, mais ça me gache même pas le plaisir. Arriver sur les versants Ouest du Vercors, en partant de la Sainte-Victoire est un majestueux cadeau que m'offre la vie. Je peux maintenant contourner l'arrête, et je me fais toute la falaise dans un délicieux dynamique. Je continue à en prendre plein les yeux; nous avons prévu de monter par ici mi-Août, il faudra qu'on cogite quelque plan pour nous refaire ce soaring magistral.

Je ne sais pas trop comment continuer, je suis trop bas pour passer derrière, et surtout, je ne suis pas sûr qu'il y ait une route sur le plateau. Par chance, je réussis à monter un peu (2300m) au bout de la falaise, et je me décide à essayer de contourner le col du Rousset. Il me faut d'abord faire une transition sur la falaise exposée Sud,  (le petit sommet s'appelle "But Sapiau"). Heureusement, la brise est Sud à cet endroit. Je vais prendre là un tout petit thermique qui me fait remonter d'une centaine de mètres. La cerise sur le gateau est constituée par 4 vautours qui viennent enrouler avec moi. Je bascule vers le But de Neve, mais je suis en dessous de la crête. Je me jette vers le plateau derrière, en m'appuyant sur la montagne de Neve. Ca fait plaisir de voir quelques champs pour se poser derrière. Le ciel est complètement voilé, je me prend un petit thermique du soir qui me monte un tout petit peu. Je bascule encore une fois derrière, dans la vallée qui mène à la Chapelle en Vercors. La crête à l'Est de cette falaise est un peu plus abrupte, et je vais pouvoir m'appuyer dessus j'espère. Je vais faire une dernière tentative en zonant sur un pierrier, mais ça ne veut pas le faire. En dynamique, je continue jusqu'au bout de la vallée, mais je rencontre à nouveau une brise de Nord face à moi. Je pose donc à l'Est de la Chapelle, près du centre de vacances des Bayles.

La première voiture qui va passer va me descendre à Die. Petit hotel sympa, et bonne bouffe dans une joyeuse euphorie solitaire. Les chaussures me pèsent un peu, mais j'ai la tête légère. Le lendemain, retour en stop, un peu long (départ à 08H00, arrivée à 16H30 à la voiture). J'aurais peut être du essayer le train...

Ce vol fut pour moi absolument fantastique, puisque inespéré de bout en bout. En plus, se faire le versant Ouest du Vercors (ou la moitié seulement) est un vieux rève, mais le faire en partant de la Sainte... Je me demande encore si je n'ai pas simplement rêvé ce vol... 160Km au compteur, et surtout des images plein la tête.

Désolé de ne pas avoir pu vous offrir quelques photos.

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