Ceci n'est pas un récit de vol mais est en soit une belle aventure qu'on a aussi envie de partager!!
Tout a commencé un soir où je me connecte sur ma boite électronique et reçoit un
mail d'Hélène qui me demande si ça me dirais de faire le Dôme des écrins avec elle et
des copains, et elle ajoute si tu veux emmener ton parapluie portatif tu peut !!
Elle voulait bien sûr parler du parapente!!
Le dôme des écrins, c'est un sommet qui est à 4015m d'altitude juste à coté de la
barre du même nom à 4100m; point culminant du parc.
La première chose à faire est la réservation au refuge des écrins; le plus tôt
possible. Mais en décalant la nuitée le vendredi plutôt que le samedi, nous contournons
la fièvre.. de la Pentecôte !! Un minimum de préparation physique et d'exercice pendant
au moins un mois avant est conseillé!! ( surtout pour le parapluie-man).
Dans ce but, je suis
monté plusieurs fois en haut de la Sainte-Victoire (pic des mouches par la face sud) avec
le parapente, à Signes aussi une paire de fois.
Me voila donc embarqué dans ce projet un peu ambitieux mais réalisable!! Pour Hélène
pas tant de stress, Fred à l'air si déterminé que c'est déjà dans la poche, où le
sac, où dans l'air je sais plus...
Nous avions prévu de le faire le samedi 07/06/03 au matin après avoir dormi au refuge le
vendredi.
Le jeudi midi avant le départ j'appelle la météo, ils annoncent pour la région nuageux
et risque d'orage le vendredi après midi et petit cum's de beau temps le samedi, avec
vent de Sud Est faible a 3000m !!.
Que demande le peuple, rien de plus; on a le meilleur créneau, vu que le dimanche ils
prévoyaient pas beau non plus, à part ce petit régime de sud/est qui pourrait tout
gâcher car le décollage est nord/est à nord/ouest.
Le départ se fait
de Rousset, le jeudi vers 15h00, nous sommes 4 à tenter l'aventure : Hélène,
Jean-Claude, Alain et moi. Je suis tout seul à le faire en parapente. Petit poireautage
devant ST pour attendre dame Hélène (les dames se font toujours attendre..) qui a mal
entendu que le RV était devant...
la sortie et non dedans...elle est un peu blonde vous savez... ccccchhhhhhuuuuuuttttt.
En fait ce sera une première ascension pour Hélène, Alain et J-C, et une première
tentative pour moi par ce moyen (le parapluie, vous vous souvenez..), la cinquième fois
en tout.
Nous arrivons vers 18 h au Prés de madame Carle où nous avions décidé de camper pour
la nuit. Mais en arrivant, la vue d'une camionnette de gendarmerie nous a décidé de
redescendre camper à Ailefroide, où nous trouvons un endroit pour dormir. Feu de camp de
rigueur, il a fallu quand même une demie heure de barbarisme acharné pour allumer un feu
de camp avec du bois humide.. mais Alain le terrible a vaincu cette épreuve, ta tan...
Petit gueuleton de lentilles saucisses pour nous donner des forces pour le lendemain!! No
comment...
Le lendemain nous ne nous pressons pas, pliage de tente, pliage
de parapente, la préparation du sac, nous emportons le strict minimum histoire de ne pas
porter des choses inutiles. J'avais calculé 9 kg en tout pour le parapente et la sellette
de bi qu'on m'a prêté . Avec le piolet, crampons, corde, bouffe pour le midi seulement,
je n'ai pas osé peser sinon ça m'aurait démoralisé !!
Le tout plié dans mon sac montagne, j'ai fini de tasser a coup de pied!!
Nous avons donc pris le départ au pré, altitude 1890m, le pas léger, (enfin presque !!)
et le coeur plein de courage pour affronter la montagne. Le cheminement classique prévoit
une paire d'heure pour monter au 1er refuge , le refuge du glacier blanc.
Dans le groupe le moral est bon, on profite pour faire quelques photos, quelques pauses,
le temps de voir qu'effectivement les glaciers fondent à vue d'oeil, et au bout de 2h
environ , nous sommes à ce premier refuge, altitude 2500m !!
La vue est magnifique. Pelvoux imposant en face avec son glacier des violettes, au fond à
droite, Ailefroide...
Bon allé, avec tout ça, on prend tellement du bon temps qu'il faudrait voir d'arriver
là haut avant la nuit..
On repart, J-C montre déjà quelques signes de faiblesse, après la rencontre d'une dame
qui nous explique qu'elle va rejoindre son mari qui est le cuisto du refuge ou l'on va !!
Le dernier pan avant le refuge des Ecrins est assez raide, J-C le terminera seul, il fait
presque nuit.
A peine au refuge, Alain discute de vive voix avec une ravissante
blonde..qui avait travaillé 10 ans à STmicro, le monde est petit hein ??
Vin chaud, ambiance peinarde, le refuge n'est pas bourré, c'est bien ; cela m'autorise à
stresser un peu, je me vois décoller de là-haut, toutes les étapes une à une faites et
refaites cent fois dans ma tête, avec toutes les incertitudes du vent prévu sud/est avec
un deco nord, je m'imagine même décoller versant sud au cas où!... C'est une grande
falaise de 1000m !!
La nuit est passée dans ces pensée, la giteuse viens nous réveiller à 04h00; pour un
petit dej. Il ne fait même pas froid. L'Isotherme 0 est annoncé à 3800m, c'est pas
fameux. Faudra pas traîner, car les ponts de neiges seront de moins en moins résistant
au fur et à mesure de l'avancée de la journée.
Je m'inquiète pour la montée de J-C.Bon allé il faut partir..
On part les derniers, comme d'hab. Montée tranquille jusqu'au col, on peaufine les réglages crampons, et les techniques de montée. Déjà le jour vient éclairer cette masse en face de nous, les impressionnants séracs, le dôme et la barre, c'est grandiose.
On s'encorde, je ferai la paire avec JC, Hélène et Alain partent devant. La montée est
raide à partir du col avec beaucoup de crevasse à contourner et la trace voyante est la
trace de descente qui est toute droite. Hélène la critique, elle est un peu droite à
son goût!!.
Le pas se ralentit, il fait doux, donc chaud sous les goretex, elle ne sont pas
supportables. J-C ralenti de plus en plus, je le soutiens et l'encourage à continuer. Il
y vas à son rythme, mais ce n'est pas assez vite. La chaleur fait fondre les pont de
neiges et moi je bout d'impatience d'être en haut. Finalement J-C stoppera sa course vers
3700m d'altitude, il attendra une cordée pour redescendre. Moi, obnubilé par les
conditions météo, le vent, je demande à des gus qui déjà redescendent, le vent forci
me dit-on ?
ce qui n'arrange ma tension...elle augmente en fléche!!
Je me presse, je double Hélène et Alain qui avancent plus sereinement, je double la
cordée suivante, je passe la rimaye du dôme qui est déjà bien raide pour la saison,
2m50 d'escalade! Ca y est je suis là-haut, 4 015 m. mon pari est a moitié gagné, le
sommet, j'y suis, j'ai le parapente, le vent? mais d'ou vient le vent??
................EST/NORD/EST; entre 0 et 10kmh.
En fait, c'est tout bon, mais vu la portance à cette altitude il va falloir que je courre
vite!!
J'ai étalé la voile face au vent; il n'y avait personne au sommet seulement moi avec
tous mes doutes. et mes certitudes.
Est ce que je garde le piolet à la main? et les crampons j'en fait quoi? Est que j'attend
le vent ou je décolle de suite?
En fait j'ai mis les crampons dans le sac; le piolet, je l'ai coincé entre le dos et le
sac, et je n'ai pas attendu, quand c'est bon y faut y aller Franck me l'a toujours dit!!
Une fois prêt dans la sellette je me tourne face à la voile, et j'attend la bouffe qui
va me faire lever la voile.
La voici la voila la fameuse, je lève la voile, tout en synchronisant un demi tour dans
l'action, et je commence à courir. La voile est calée au dessus de la tête. Je suis
dans la pente qui est de plus en plus raide. Là, je me laisse porter mais en fait ça ne
le fait pas trop, je refais un bon pas pour redonner de la vitesse, mais c'est franchement
raide; je suis pendu par les cuissardes, les pieds à 1m du sol et la voile tangente la
pente sur au moins 10m. A ce moment; j'ai le coeur à 2000bpm au moins...
Et enfin la ressource tant attendue!!
Et là, je reste pendu sous la voile; sans mouvement... Je reprend ma respiration. C'est
seulement aprés 2mn de vol que je réalise que je l'ai fait!!!
Toute la descente se passe comme sur un nuage. Il est 10h00 du mat. Plein de fourmis sont
sur le glacier en dessous.
Je prend des photos et à 10h30 environ, j'atterris au prè de madame Carle à 50m environ de la voiture, c'est un rêve!!!
Pas besoins de faire 7 heures de marche pour redescendre .
1/2heure aprés avoir atterri, je suis au refuge Cezanne (je crois que c'est ça le nom),
et je bois une bière avec un sourire béa sur ma figure!!
Apres une sieste de 3h, je me décide à me lever et part pour le 1er refuge. J'ai envie
de rejoindre les copains pour les soutenir dans la descente; qui est pour moi le plus dur
dans une course de montagne.
vers 15h30 on est tous là; à 2500m. Chacun a ses souvenir dans la tête; ses moments
fort et ses joies!
Vers 17h30 on est au pré, et on redescend pour la civilisation.
Heureux qui, comme nous a fait un beau voyage.
FRED.
Vu par Hélène
On montait tranquilles avec Alain, la neige était trop molle et
à chacun de mes plantages de piolet, j'essaie d'être stable et ancrée...(moi et mes 50
kg mouillée). Petites nausées vers 3 800 m, mais je sais que ce sera supportable, on ne
restera pas là-haut si longtemps que ça. Nous sommes en haute-montagne, et pour
nous, Provencaux, passer de presque 0 à 4 000 m en trois jours est presque trop rapide.
Fred nous a doublé comme une fusée. Franchement, avec ses grandes guiboles c'était
impressionnant...
On est même pas arrivés au passage de la rimaille (cassure entre la barre rocheuse et le
début du glacier), que l'on est surpris de voir le superbe décollage de Fred. Je reste
bête, on ne l'a même pas vu déballer sa marchandise, formidable !
Le temps de sortir l'appareil, il est déjà loin, presque sur
Roche Forio, tant pis je prend, en toile de fond, le mont blanc et sa calote de nuage, ce
même Mont Blanc que nous avons fait ensemble, avec son ami Christophe . Quelques
angoisses pour Fred, puis une petite voix intérieure me dit "t'inquiètes pas, Fred
c'est déjà un trés bon alpiniste, et en vol c'est pareil, il ne fait rien à
moitié".. Ok je sais que tout ira bien.
Mais Putain que c'est beau !
Pouvoir marier à la fois le plaisir de gravir un sommet de Haute Montagne (ici, y a pas
de vache, je disais ça pour les blondes qui auraient pas compris..) avec tous les risques
que cela comporte, et nous narguer comme ça; décoller comme un dieu devant nos yeux,
survoler tous ces sommets que nous ne verrons jamais de cet angle là... A part aller sur
la lune, je ne vois pas aujourd'hui quel plus grand plaisir on peut se prendre sur cette
terre...
Bon, assez d'éloges, nous, on s'est payé presque 2h à
redescendre. Neige collante sur le bas, on s'enfonçait jusqu'aux genoux.. Alain pestait
comme un putois.. Moi comme dab, j'ai sondé une crevasse...sans plus.
En bas, J-C est descendu, et pour tuer le temps a scuplté un bloc de neige, pas mal..
Encore 2 heures env. pour descendre jusqu'au 1er refuge du
glacier blanc. Et là surprise, Fred est là !!!
Gentil Fred, qui gracieusement m'a pris mon sac à dos, ce n'est pas dans mes habitudes,
mais j'ai accepté, mon genoux (entorse cet hiver) commence a faiblir..
Superbe souvenir, Fred, je repart quand tu veux !!