Marathon de Paris 2004 : Aller au bout
de soi même ! Par Bernard Pham Van Minh himself Jour J : Dimanche 4 Avril
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Nous nous dirigeons maintenant vers Bastille et une foule immense nous
attend Premier ravito aussi, ne pas oublier la petite bouteille deau, la soif nest pas encore là mais vaut mieux boire. Une longue rangée de tables avec des dizaine de bénévoles nous proposent toutes sortes de ravitos, à la volée de récupérer ma bouteille et menfile un quart de flotte, le reste finira sur le rebords du trottoir, jenquille la rue St Antoine direction Place de la Nation, un petit faut plat va venir sur cette partie de la course. Je ne memballe pas pour essayer de maintenir à tout prix le rythme de 525 je laisse filer une bonne vingtaine de secondes pour arriver place de la Nation vers le 8ème kilo Cours de Vincennes on attends le 10ème kilo qui sannonce déjà, je commence à trouver des gars qui vont à mon rythme mais, je ne me fie quà moi et lâche ou dépasse volontaire les groupes qui font le yoyo, histoire de pas trop puiser dans les réserves qui vont êtres utiles pour la fin de course. Qu'est-ce qu'il y a comme monde ! Pas facile de doubler sans bousculer les gens, de toute façon je ne cherche pas spécialement à doubler mais certains traînent un peu, d'autres changent de file brusquement, il faut être vigilant, à un moment je me retrouve pris en sandwich entre 2 coureurs qui ont l'air de se connaître, celui à ma gauche interpelle son copain à ma droite et me hurle au passage dans l'oreille, à part ça, ça va...Les gens dans l'ensemble sont quand même assez courtois et se disent pardon quand ils bousculent, c'est déjà ça. 10km 5359, jai un malus de 1 je ne ménerve pas je continue mon rythme pepère, longue descente vers cette Porte Doré des 10 bornes, quel plaisir cette partie ou on est hyper frais, et que ça semble si facile. Foule en délire, musique , applaudissement tout y est, maintenant on attaque la remonté du Bois de Vincennes vers la Place du Château du m^me nom, le long du Zoo, je commence à toucher le goût spéciale du Marathon, plaisir, angoisse, tout y est. |
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Et puis, que vois-je à 100 mètres ? Les ballons violets !!! Youpii,
je me cale à distance respectable des ballons, maintenant que je les ai trouvés je ne
les lâche plus ! A cet instant de la course je suis vraiment très bien, on sort de
Vincennes, je me sens de mieux en mieux, on continue, divers orchestres jalonnent le
parcours, de même que des pompiers que je salue,, en plein milieu de la route,
heureusement qu'ils préviennent qu'il y a des photographes à 100 m car sinon les pauvres
ils seraient engloutis par le peloton . Jajuste le dossards car les photographes
nous attendent à ce moment précis du parcours, petit écart pour être plein champs dans
la photo, cest dans la boite. |
34 km : La plupart des gars avec qui je tourne commencent à sentir lécurie, et pour certains cest le moment de finir ce marathon en accélérant. Pour ma part je reste dans mon rythme en voyant le 35ème Km , Je maintiens toujours le cap, je commence à ressentir de la fatigue et les premieres douleurs apparaissent Je ne néglige pas le ravito, , cette partie est vraiment dure car on enchaîne toute une successions de petits virages, petits faux plats dont on se serait bien passé !!! Ca y est très brutalement vers le 36 Km je sens que tout ne va plus comme je lespérais. Mes temps de passages commencent à se dégrader, mes jambes ne tiennent plus bon le souffle est impec, mais une lassitude semble envahir tout mon corps. Je suis en train de rentrer progressivement dans la petite mort du marathonien. De plus, les ballons violets senvolent devant moi ,mon espoir de lobjectif avec !!! On meurt à petit feu, sans éprouver la morsure directement, cest un mal être qui vous prend de par tout. 37ème Km, je commence à voir passer quelques groupes de gars plus frais que moi les meneurs dallure prennent de plus en plus de distance, le moral en prend un gros coup Jespère que tout va bien pour mon pote Bruno |
38eme kilomètre : sois marathonien et tais toi ! Le moment est grave et je commence à lancer toute mes forces dans une bataille qui dhors et déjà est perdue davance, face au mur insurmontable qui vient se fracasser sur mon crâne. Je serre les dents, les poings, les fesses, mapplique à avoir une foulée la plus fluide possible, mais rien ny fait, je suis inexorablement en détresse et mes forces mabandonnent. Jai mal de partout : aux cuisses, au mollets, aux fesses, aux épaules, aux cheveux, jai limpression que mes dents poussent, même le rayon de soleil mest insupportable je ne suis plus que lombre de moi même, ma tète nest plus dans laxe du corps tel un zombie.. Je nen peux plus et une envie soudaine de dormir me prend dans le bois de Boulogne Dans ce grand moment de solitude, je ne songe quà une seule chose : je ne referai plus jamais de marathon ! Cependant jai la force de minterdire dabandonner malgré cette petite voix : « - alors, Petit Scarabée, on est à lagonie ? si tes naze arrête ! Ton espoir de faire 3h45 est réduit à néant, laisse tomber, tes foutu ,fais comme certains :abandonne !! -JAMAIS, je ne cède à la tentation de jeter léponge ! Je lutterai jusquau bout tant que jai mes 2 jambes ( en fait 2 bouts de bois à la place) Je pense très fort à ma famille, mes amis( et ies),au Dalai Lama, à la Passion du Christ, à mon hamster, mon poisson rouge, pour me donner du courage Ces derniers 4 km de boucles dans le bois me semblent une éternité , jessaie de donner du rythme avec mes bras..et bcp de runners me dépassent mon allure est pitoyable et jai limpression dexpier mes péchés tellement les douleurs me tenaillent le corps. 40ème Jy arrive péniblement , je fais un rapide calcul, un reste de lucidité et je me dis quil est encore possible de rejoindre larrivée en moins de 4h en accélérant, le problème cest que jai les batteries à plat !! Il nest même pas pensable pour moi dessayer daccélérer ! Je jette mes dernières forces dans la bataille, enfin jai limpression de batailler même si je ne vais pas forcement plus vite. Autour de moi cest la débâcle, ceux qui ont encore des forces, accélèrent comme des malades, dautres marchent et repartent,certains sont allongés terrassés par des crampes ,moi je cours toujours complètement dans les vapes en attendant la fin du cauchemar. Dernier kilomètre, un semblant de force me revient mais je nai même plus la force de regarder le chrono au passage du 41ème, je serre les dents et file vers cette ligne magique qui matérialise la fin de mes souffrances. Dernier rond point, dernière ligne droite, le chrono qui égraine les secondes et qui me rappelle à lordre, derniers semblant de sprint avec dautres coureurs en déroute. Lair hagard je franchis le tapis rouge au son inhumain des puces « championship Jai donné le meilleur de moi même dans cette bataille mais qui a gagné, pourquoi se battre avec tant dabnégation, que suis je venu y chercher ? La vérité est peut être dans la prochaine course le marathon est un mythe ! Petit Scarabée ( 3h53mn20sec., 14.709eme sur 34.000) |