Pour bien commencer, les collègues se sont tous fait un
plaisir de m'appeler le dimanche soir, en me demandant si je pouvais vraiment pas venir le
lendemain, que ça allait être super bon, que j'étais trop consciencieux (bon, là j''en
rajoute un peu). Impeccable pour s'endormir ce genre de coup de fil. Et bien sûr le beau
ciel bleu au petit matin. Je vous dis pas la gueule du tourment, j'ai tourné en rond
pendant une demi-heure, entre le bulletin météo qui avait vraiment pas l'air trop mal.
J'ai sorti la moto pour aller au boulot, et puis merde, j'ai un jour à récuperer... Me
voilà en train de rerentrer la moto pour aller voler, puis de la ressortir parce que
quand même... Je vous dis pas comme je me suis fait chambrer par la patronne. Puis
finalement, la journée a pas été top. Luc a pu aller jusqu'à Brignoles, puis il a fait
demi-tour face à la taille des cums qui s'étalaient devant sa route.
Mardi était annoncé un peu mieux, avec tout de même pas mal de brise, et un petit
vent de sud. A la barre des Cengles, ils ont fait un essai sans succès, puis la brise est
rentrée de travers. A Signes, Gilles Boyer a pu monter jusqu'à Tavernes, cependant que
Patrick Mourral est allé jusqu'à Moustiers. Quant à moi, je suis allé pour une fois à
la sainte (le récit est en face). Il devait y avoir mieux à faire, mais j'ai vraiment eu
du mal à enrouler ces thermiques. Plafond à 2600m sur la Vautubière, puis plus jamais
au dessus de 1800 ou 2000. Phillippe Guichan a fait quant à lui un joli vol, en balladant
entre St-André les Alpes et Cëuse, en passant par Laragne.
Samedi était annoncé comme orageux, en fait ce furent surtout les grondements envers
météo France qui se sont fait entendre. Ainsi, Luc Xerri a décollé à 11H15 devant le
peu d'espoir que présentait la journée, et aprés avoir enroulé un petit thermique est
allé ballader un peu plus au Nord. Il était alors trop tard pour lui pour temporiser, et
il s'est retrouvé posé "aux portes du bonheur". Il a eu droit en effet à un
ciel de rève, une de ces journées comme il n'y en a pas plus de 3 ou 4 par an. Jacques
Stinus a pu aller, en partant tôt lui aussi au-dessus de Régusse, ainsi que Denis dufau.
C'est surtout Alain Anthony qui a optimisé la journée. En décollant à un horaire
plus classique, il a été un des rares à s'extraire de Signes (un étrange vent d'Ouest
a soufflé sur Signes à partir de 12H30, alors qu'il y avait du Sud partout ailleurs). Il
est effectivement l'homme en forme du moment, puisqu'il a fini 10ème à la dernière
manche du championnat de france (dans les vosges). De loin, on pouvait voir avec une
amertume facilement mesurable les conditions de son vol, et il a fait durer celui-ci
puisqu'il a posé au niveau de Gap, à La Roche des Arnauds. 147 Km.
Dimanche a respecté pour une fois les prévisions de Météo France, en se révélant
gris, pluvieux et venteux. |
Ben pourquoi pas...(ou un petit vol sympa en
s'échappant du boulot) Ben, déjà, en arrivant au déco (de la Sainte, au pic des
mouches), y avait du vent, style 25 / 30 en rafales. Pi y avait un peu les cirrus, pi
fallait une cré ving diou de bonne vue pour voir les cums.
Y avait aussi un parapentiste façon ranc d'honneur, avec ce genre de sac qui doit peser
dans les 10 Kilos parce qu'il a fait suivre le litron de rouge. çui là, il est allé
faire la sieste dans un coin en attendant la douce brise du soir. M'est avis qu'il attend
encor
Perdu pour perdu, j'y va; de toute façon, suis pas sûr que ça s'améliore, mais suis
pas sûr non plus que ça s'arrange.
Mouais, ça va, y a pas trop de vent en l'air. Sauf en vertical. Là, ya tout ce qui faut.
Faudrait juste que ça reste un tout petit peu plus d'une seconde dans le même sens;
manière de faire croire aux touristes que j'y comprend quelque chose.
Un ptit tour vers le Baou des Vespres; et j'en prend un qui a l'air de savoir ce qu'il
veut.
Appliqué le Jaccoulin. Concentré sur le tirage de ficelle; façon le père chouard qui
enfile une aiguille pour recoudre sa combinaison de nuit. Mais à 1500m, ça veut plus.
Bon pas grave, il est tôt, puis les autres blaireaux en bas (Le franck qui joue le prof
et qui va jusqu'à montrer à son élève attentif comment faire un tas) y zont l'air de
vouloir prendre leur temps.
Je continue sur le Baou. Mais au dessus, c'est pas top. La voile m'indique sa répugnance,
et mon affable caractère n'hésite pas à se faire compréhensif (traduction : Putain ça
craint... Je me casse...)
Retournance vers le déco pour reprendre le même thermique, mais il est toujours aussi
agité et vaporeux lorsque il arrive à 1500. Pfou que de la gueule çui là.. Ah ben j'ai
tout d'mêm bien décallé derrière le déco. J'y reviens et je me prend un autre
thermique.
Tien, il a l'air de pas décaller celui-là.
1700, Gaz vers la Vautubière Ca fera un peu juste, mais de toute façon, c'est juste pour
pas être venu pour rien. Et en plus, j'ai la voiture au col des Portes.
Une cinquantaine de mètres repris au niveau du col des Portes, et encore un bon petit
truc au nord de la montagne de l'Ubac. J'avais pas vu ce mignon petit cum en train de
former au dessus de la Vautubière. Vous pouvez pas savoir comme c'est bon de pas gratter
le caillou sur la Vautubière; d'avoir du gaz.
Et en plus, ça monte sain. J'enroule le thermique sans en perdre une miette (façon civet
de sanglier chez la tantine Ursule, j'vous dis que ça).
Une petite lampée de barbules, et je continue au Nord. Il y a deux ou trois cums
alignés, et je suis au bon endroit. Pas belle la vie ?
Je passe Cadarache à 2400m, peinard
Bon à partir de là, ça va se compliquer.
Les Cums à partir de Vinon sont soit foutrement étriqués, soit en cours d'étriquage.
Un petit tour de l'autre coté de la Durance (au niveau du lac de Cadarache) va me faire
percevoir la problématique du jour : comment enrouler ces thermiques de merde quand le
nuage qui est au dessus s'amincit à vue d'oeil. Je reviens dare dare vers les
avants-reliefs de Vinon, et fonce vers le cum suivant.
Enfin un bon thermique...
Et merde... encore perdu, je le recherche un peu de tous les cotés, mais rien à faire. A
partir de Vinon, impossible de refaire un plein digne de ce nom. Je fais 4 ou 5 tours dans
le thermique, et je le perds.
Il y a de jolis alignements qui partent vers l'Est, mais les nuages s'étalent tellement,
que je le sens pas trop.
Il n'y a personne à Oraison, je suis à 1500 et je continue vers Puymichel.
Pas trop fier quand même le loustic, il m'est arrivé de me poser au fond de ce trou, et
c'est donc par expérience que depuis j'appelle ce coin un trou.
J'enroule tout ce que je peux; c'est bien parce que ça me fait décaller, mais mon
altitude moyenne décroit au même rythme que mon moral.
En enroulant un thermique plein de brise (pour les poètes, je dis pas ça pour les
senteurs de provence, mais pour l'angle de dérive et le caractère forcément tonique de
ce genre de thermique), j'arrive à passer au dessus de la crête pour passer dans la
vallée de la Bléone.
Un thermique pas trop pourri (pas plus de 1600m quand même), et me voila totalement sous
l'étalement de nuages que je craignais. J'aurais bien voulu rester sur la crête de
Vaumuse, qui est ensoleillée, mais j'y suis pas arrivé. Me voilà bon pour un dernier
planer, qui va m'emmener entre Barras et Thoard.
Petit retour tranquille; y m'a fallu un peu dépoussierer le panneau pour faire du stop;
avec notamment un vieux couple qui va me prendre à Oraison et me laisser à Aix sur la
route de Vauvenargues. Et la bière qui m'attend au frais à la maison...
Ca doit faire 76 Km cette affaire. Pas de quoi en faire un roman, mais un petit plaisir
quand même. |